LA CULTURE TRADITIONNELLE DU CHANVRE À ORGNAC (NOAILHAC)
LA CULTURE TRADITIONNELLE DU CHANVRE À ORGNAC (NOAILHAC)
La randonnée du petit patrimoine d’Orgnac, a permis d’évoquer l’économie des siècles passés. Des cultures oubliées, celle du lin et surtout celle du chanvre, ont été expliquées par Raymond Jaladi , habitant d’Orgnac, passionné d’histoire.
L’origine et la localisation du chanvre dans la commune de Noailhac.
La culture du chanvre était à l’honneur autrefois autant que celle du blé semble-t-il. Les deux produits s’avérant indispensables. Elle est mentionnée dans des documents d’Orgnac (Fonds Champeval 2F59 Archives de la Corrèze). Ils concernent Jean d’Aorniac en 1310 ; un autre texte du 7 juin 1541 mentionne une transaction entre l’Abbé et le Curé de Noailhac : l’Abbé délaisse au curé la moitié de la dîme des cochons des villages d’Orgnac, Lestrade, Le Pons, attendu qu’il jouit de la dîme tant de blé, filasse, vin, que agneaux et laine. On en retrouve les traces sur le cadastre de 1831, d’après les noms des parcelles qui représentaient plus de deux hectares à Orgnac, on peut citer : Teyssanderies, Chambaretes, Chanabal, Rochambert et Bialhins (pour le lin qui y sera cultivé jusqu’en 1930). Le chanvre était aussi présent dans les jardins appelés horts ou hortoux qui représentaient 5140 m2.
Cette culture existait également en d’autres points de la commune, en particulier à Chauffingeal (Chanabal : 570 m2 et 1340 m2 de jardins), à La Ramière (Chanabal : 390 m2 et 1130 m2 de jardins), à Brousse (Chenevière : 710 m2 et 1890 m2 de jardins) ainsi qu’à Cognac : 1940 m2 de jardins).
L’importance du chanvre jusqu’au 19e siècle
À cette époque, tout le linge de maison était en toile du pays, le linge de corps également. La toile de chanvre tenait une grande place dans la vie de nos ancêtres. Aussi, figure-telle régulièrement dans les contrats de mariage où elle fait partie des biens qu’apporte toute jeune femme en entrant dans la maison de son époux. Le trousseau de la mariée comprenait des draps, nappes, serviettes et des longueurs de toile de brin (qui représentait la meilleure qualité du chanvre).
Extrait d’un contrat de mariage du 18 août 1807, où il est question d’argent mais aussi de 88 mètres de toile de brin et douze torchons de brin…
La culture
Le chanvre cultivé (cannabis sativa L.) était largement utilisé depuis le néolithique, il a été peu à peu interdit ou fortement réglementé au XXe siècle en raison de ses propriétés psychotropes, plus ou moins importantes selon les variétés.
Le chanvre – la chambe, en patois – est une plante ligneuse caractérisée par une forte odeur et qui atteint une hauteur de 1m à 1m50. Fleurs mâles et fleurs femelles sont portées sur des pieds différents – la chambe mascla e la chambe femena - . La graine, le chènevis – la chanabol – ronde, lisse, est de couleur gris foncé.
Chaque bonne maison réservait au chanvre une parcelle de terre, c’était la chènevière – la chanabal -. Quant aux petites, elles cultivaient toujours un peu de chanvre dans quelque coin de terre ou au bout de leur jardin. La chènevière était une bonne terre bien pourvue en fumure.
Le chanvre se semait à la fin Mai. Le grain jeté à la volée était enfoui à la houe. Mais, il convenait d’exercer sur les poules une constante et attentive surveillance, celles-ci étant très friandes des grains de chènevis. Les valets ou les enfants étaient chargés de cette surveillance. Et les oiseaux aussi accouraient. Pour les effrayer, on plantait dans le champ un ou deux « hommes de paille » - les babouis – portant suspendues au bout des bras, plusieurs ardoises que le vent faisait s’entrechoquer.
Le chanvre poussait rapidement. Au début Août, les plantes étaient en fleurs. Une fois la fécondation accomplie, on procédait à l’arrachage du chanvre porteur de fleurs à pollen parvenues à maturité. La récolte de chanvre femelle se faisait en octobre.
Le rouissage
Après avoir été battu pour en recueillir le chènevis, le chanvre était mis à rouir dans les mares bâties comme celle d’Orgnac ou dans les jachères, l’humidité nécessaire étant assurée par les pluies de la saison.
Cette opération consistant à soumettre le chanvre à l’action de l’eau se dit « far aïga la chambe », c’est le rouissage.
La plante était laissée une dizaine de jours afin de lui faire subir un début de décomposition et en même temps la substance gommeuse qui lie les fibres était dissoute dans l’eau.
Mare de rouissage d’Orgnac
Le séchage et le broyage
Le chanvre sec était rentré sous un hangar en attendant un séchage plus complet. Celui-ci se faisait dans le four à pain après la sortie des tourtes. Ensuite, ce chanvre encore tiède était broyé avec les « macques » ou « broies » - las barges – qui étaient entreposées la plupart du temps dans le fournil.
Sous les barges, s’accumulaient des fragments de matière ligneuse – las cronhas – ou chènevottes ainsi que des résidus, la teille. Finalement, il ne restait dans la main de l’homme qu’une importante « poignée » de fibres mêlées d’étoupe – lo palador – la filasse, qui avait bien 1m50 de long.
Le peignage et le filage
Le travail suivant était exécuté par les femmes. On pliait en son milieu -lo palador- et le peignage commençait. Le peigne à chanvre –la penche, séran ou sérançoir- était l’ouvrage du forgeron. Il se composait d’une lourde planchette portant à son extrémité une garniture de dents d’acier implantées selon un rectangle de 20 cm sur 8 cm. Les dents retenaient l’étoupe, il ne restait plus à la fin dans la main de la peigneuse qu’une poignée de fibres souples, lisses, de près d’un mètre de long. Les fibres blondes provenaient du chanvre mâle, les fibres grises et plus fines, du chanvre femelle. Après une légère torsion, les deux bouts étaient noués ensemble pour former- una conelhada de brin- qui pouvait être filée au rouet. Les fileuses utilisaient la quenouille pour faire des écheveaux.
L’étoupe, par contre n’était pas filée mais mise en rouleaux dits – tapous de borras-.
Peigne à chanvre. Sur la tablette, un fil de chanvre centenaire filé à Orgnac.
Dévidoir : instrument qui mesure la longueur des fils
Les tisserands et les tailleurs d’habits
Orgnac possédait un métier à tisser appartenant à l’ensemble des habitants du village. Il fut détruit le 16 avril 1944, lors de l’incendie des bâtiments de la famille Larbre par les troupes allemandes.
Le tisserand arrivait au village avec ses outils sur son dos -los gatges- (peignes, harnais). Il fabriquait des draps –linçols-, des nappes, toalhous, essuie-mains, des chemises d’hommes et de femmes, de même que des –balins- (grande pièce d’étoffe rustique utilisée pour le transport du fourrage) et des cordelettes.
On retrouve la trace de tisserands qui ont vécu dans d’autres parties de la commune :Pages Anthoine né en 1633 tisserand à la Cisterne, Lestrade François né en 1634 tisserand à la Cisterne, Foussat Jean tisserand au Génestal en 1674, Sourzat François, tisserand en 1788 à Cognac, au Foussat, sont mentionnés Foussat Vincent en 1671 et Foussat Jean en 1748, tous deux tisserands.
Les tailleurs d’habits intervenaient ensuite.
Quatre générations de Breuil ont été maîtres tailleurs d’habits à Orgnac depuis 1687.
Aux Palètres, Etienne Dufaure vers 1890, Antoine Vergne en 1770, pratiquaient le même métier. À La Cisterne, Antoine Pagès est mentionné en 1660, François Estrade, en 1685, ils sont dénommés maîtres sargeurs.
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LES BATTAGES
Au 19e siècle, la moisson du blé et autres céréales était suivie du battage au fléau qui permettait de détacher les grains des épis. Il fallait ensuite enlever la paille à l’aide d’une fourche et procéder au vannage et au criblage pour séparer les grains des balles qui les enveloppent.
Grâce à la mécanisation, l’agriculture a connu de grands progrès au XXe siècle. La batteuse, actionnée par une locomobile à vapeur a simplifié les manipulations et fait gagner beaucoup de temps aux paysans. Le battage représente un événement important de l’année, parents et voisins participent aux opérations. Chacun occupe un poste, il faut alimenter la machine en gerbes de blé, recueillir les grains dans des sacs, les transporter dans des coffres à blé ou des greniers, charger la paille sur des charrettes et l’entreposer dans les granges. De copieux repas, bien arrosés, du casse-croûte au souper, réconfortent les travailleurs qui vivent ce jour comme une fête.
Scène de battage à Noailhac
Battages avant guerre
Photo communiquée par Dominique Mézan
Cette scène d'avant guerre se passe vraisemblablement devant la maison Jarrige, dans le bas du bourg. On reconnaît Messieurs Jarrige, Lacombe, Serrager, Marcelin et le jeune Robert Cognac.
On voit en arrière-plan sur la gauche une locomobile à vapeur.
LES CONSCRITS
Les conscrits étaient les garçons qui devaient partir pour le service militaire. L’année de leurs 20 ans, ils participaient à la fête votive et défilaient dans la commune portant cocardes et drapeaux. Accompagnés de musiciens, ils se rendaient dans chaque maison et donnaient des aubades aux habitants. Ils recueillaient ainsi un peu d’argent qui servait à payer l’organisation de la fête mais pouvait aussi constituer un petit pécule pour leur départ au service militaire. Les filles du même âge étaient chargées d’épingler des cocardes au revers des vestes des personnes qui venaient à la fête.
Conscrits vers 1935
(photo communiquée par Liliane Rol)
Sur la photo, devant les musiciens, on reconnaît les jumeaux Issartier : Victor et Adrien, Georges Rol, Renée Vergne, Malou Rol.
La tradition des conscrits et des aubades perdure encore le jour de la fête votive, le dernier dimanche de juillet. Elle concerne les filles et les garçons qui ont 18 ans dans l’année.
Les conscrits en 2009
Sur la photo, on reconnaît Steven Grard, Maxime Pommier, Matthieu Dumont, Natacha Dulompont.
LES ROGATIONS
Les Rogations sont des prières publiques et solennelles dont le but est d’attirer les bénédictions de Dieu sur les biens de la terre, en particulier les cultures et les troupeaux.
Rogation vient du verbe latin « Rogare » demander.
Historique
La cérémonie des rogations est très ancienne, elle fut instituée en Gaule au quatrième siècle, grâce à Saint Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné, afin d’obtenir la fin des calamités qui menaçaient la région à cette époque. Saint Mamert ordonna un jeûne de 3 jours et institua des litanies. Les tribulations cessèrent sur le champ.
Au huitième siècle les rogations furent étendues à l’Eglise universelle.
les Rogations à Noailhac
Les Rogations après 1945
(photos communiquées par Jean Claude Decroix)
Elles partaient de l'église par la rue de la liberté pour se rendre à La Croix du Fustier(voir photos 1 2 )puis la procession se dirigeait vers le calvaire place d'Astorg.
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