CHABRIGNAC
La famille Geoffre de Chabrignac
La chapelle Sainte Croix de Chabrignac
Du château de Chabrignac, l’un des plus prestigieux de notre commune, il ne reste que quelques traces.
Le cadastre de 1831 en indique l’emplacement, de même qu’un dessin de 1880, fait par H. de Geoffre. Il décrivait ainsi les lieux : « Masse imposante et sinistre au-dessus de sa terrasse défendue de fossés, avec une grosse tour éventrée, entourée à l’est de 3 tourelles et de 2 souterrains, l’un partait vers la Pacherie et Turenne ». Au sujet du souterrain, Madame M.H. Riconie, dans son livre « Un si joli petit village », ajoute : « Je l’ai vu en 1930, il n’en restait que 20 mètres environ, il avait l’apparence d’une longue cave voûtée effondrée. Le second souterrain avait au départ une dizaine de marches et s’orientait vers les Crèbes ».
En 1899, l’Abbé Poulbrière (Dictionnaire des Paroisses du Diocèse de Tulle) écrivait : « Cette vieille demeure présente encore au-dessus de ses terrasses, autrefois défendues de fossés, une grosse tour éventrée, que suivent d’autres ruines. Une habitation relativement moderne les accompagne au nord, construite tant bien que mal sur l’ancien portail d’entrée. »
L'habitation qui a remplacé une partie du château
De nos jours, cette habitation, subsiste en bordure de la route communale.
Au-dessus du porche du bâtiment devenu une dépendance, on distingue dans la maçonnerie, une pierre portant un hexagramme.
Ce signe connu depuis l’antiquité et repris par les religions, représente le macrocosme (Universalité). Il était utilisé au Moyen Âge comme un symbole de protection contre le démon. On le retrouve sur des édifices religieux ou des fortifications. Cette pierre était une clé de voute provenant sans doute de la chapelle Sainte Croix.
La tour ronde
Visibles de l’extérieur, on distingue les ruines d’une tour ronde largement dissimulée par du lierre.
Les caves voûtées
On peut encore admirer de belles caves voûtées, dont l’une se trouve sous la nouvelle maison.
Autres traces d’un passé glorieux
un escalier à vis
des contreforts
des linteaux et des porches
La famille Geoffre de Chabrignac
Sceau de Geoffre de Chabrignac
« Un si joli petit village » MH Riconie
Les armes des Geoffre de Chabrignac
Un vitrail de l’église du bourg porte les armes des Geoffre de Chabrignac. Le Dictionnaire des familles nobles et notables de la Corrèze- J.B. Champeval, le décrit ainsi : « Palé d’argent et de gueules de 6 pièces, au chef fascé d’azur et d’or à 6 pièces ».
Sur le vitrail, on peut lire leur devise,
donnée par le roi Louis XV en 1769,
« J’offre tout à la patrie », surmontée de la mention : « Una Fides ».
Ancienneté de la famille
Chabrignac appartenait dès le temps des croisades à la famille Geoffre, l’une des plus considérables du pays selon l’Abbé Poulbrière. Il indique également que 14 officiers de cette famille seraient tombés dans les guerres de Louis XIV.
Quelques mentions prises dans le Dictionnaire des Familles Nobles et Notables de la Corrèze (Champeval), d’après les cartulaires de Tulle et d’Uzerche, montrent l’ancienneté de cette famille. On trouve par exemple en 957, un Geofre époux de Biliardis et peut-être un Joffre en 980. En 1074, est cité Pierre de Geoffre, frère de Gaubert de Liac (Ligneyrac) et père de Geofre de Chabrignac époux d’Almodis, de Raymond et de Géraud. Plus tard, en 1160, les cisterciens d’Obazine reçurent de Almos, fille de Gérald de Geoffre et Idéa le mas de La Ramière.
La liste des Geoffre de Chabrignac est longue, de même que les diverses branches de la famille : branche de la Pradelle, de la Mourétie, de Saurias, d’Aurussac.
Hommage de Brandelin de Chabrignac au vicomte de Turenne
(Archives Nationales Paris)
Au cours des siècles, les Geoffre rendent hommage aux vicomtes de Turenne (documents de 1299, 1350, 1414, 1672). Un extrait et vidimus (copie certifiée d’un acte antérieur) fait le 19 décembre 1737 rend compte d’un hommage de Brandelin de Chabrignac au Vicomte de Turenne le 29 novembre 1600 (Archives Nationales-Paris).
Transcription de l’hommage par Dominique Mézan
La lignée des Chabrignac s’est éteinte à la mort de Françoise (fille de Léger de Geoffre et de Jeanne de Leymonerie), mariée à Jean Andrieu sieur du Battut en 1714 (ou 1712) dans la chapelle de son château où étaient ensevelis les membres de sa famille depuis sa construction. Jean Andrieu fut enseveli le 14 mars 1735 dans la chapelle.
Leur fille, Rose et son époux Jean Arondeau de la Rigaudie (de Marcillac la Croze), sont morts à 2 jours l’un de l’autre, en 1788, veille de la Révolution.
Leur fils, Jean Arrondeau fut arrêté en 1793. Peu avant, il avait vendu son château et ses biens à son beau-frère Pierre Seignolles d’une riche famille d’hommes de loi de Dampniat, époux de Marianne Arrondeau, pour la somme de 30 000 livres d’or. Cette somme, rangée dans une « peau de veau », a attiré bien des convoitises comme le raconte Madame Riconie.
De nos jours, le domaine appartient à la famille Peyrode.
La chapelle Sainte Croix de Chabrignac
Au XVIe siècle, la famille Geoffre demanda aux Noailles, Seigneurs de Noailhac, l’autorisation d’ériger une chapelle à Chabrignac, dans laquelle les paroissiens et habitants des villages de Chabrignac, La Pascherie, Le Cheyrou, La Rougerie, Le Puy de la Ramière, Le Claux, pourraient entendre la messe paroissiale et recevoir les Saints Sacrements sans être tenus d’aller à l’église de Noailhac. Une « hostilité ardente » entre les grandes maisons des Noailles et Geoffre en était la première raison.
Vidimus du concordat pour l’érection d’une église à Chabrignac
La requête présentée par Jean Jouffre de Chabrignac à maître Antoine de Noailles curé de l’église paroissiale de Noailhac, était basée sur les considérations suivantes :
1-La distance, une grosse lieue, était très importante pour les paroissiens qui n’étaient pas en mesure de se rendre à l’église de Noailhac.
2- L’hiver, ils ne pouvaient aller à la messe à cause des mauvais chemins, pleins de boue, ce qui entrainait un grand danger pour les femmes enceintes et les malades.
3- Il y avait également danger à porter baptiser les enfants au berceau de crainte de les suffoquer en les faisant tomber.
4- Il y avait grand inconvénient à porter Corpus Christi de jour comme de nuit.
5- Autre danger : porter les morts l’hiver à Noailhac pour les ensevelir.
6- Les villages si éloignés et séparés par tant de montagnes n’entendaient pas les cloches et ne savaient à quelle heure serait dit le service divin.
7- L’église de Noailhac était si petite que tous les paroissiens ne pouvaient y entrer et qu’elle ne pouvait s’agrandir à cause des maisons et du château du seigneur de Noailles qui l’entouraient. De plus, il y avait gros procès et débats entre Chabrignac et le Seigneur de Noailhac pour les prérogatives de bancs et litres. L’obtention de l’érection de la chapelle de Chabrignac était la condition pour que tous vivent en paix.
Le curé de Noailles ne voyait pas la nécessité de faire ériger une annexe de sa cure disant que ce serait une grande charge pour lui de faire l’office en deux lieux et de faire résider un vicaire, ce qui augmenterait ses obligations et non ses revenus.
Néanmoins, en 1539 ou 1540, un accord était passé : une église serait construite à Chabrignac avec un cimetière, une maison presbytérale, un jardin, un bois de châtaignier, une vigne (les contenances sont définies précisément). Le Seigneur de Chabrignac et les habitants étaient tenus de payer au curé de Noailhac les droits pour les enterrements. Le Seigneur de Noailhac devait fournir le pain et le vin à l’annexe.
Le Seigneur de Chabrignac était invité à emporter de Noailhac, les ossements et tombes de ses prédécesseurs et à aller faire ses sépultures dans l’annexe ou le cimetière de Chabrignac et où bon lui semblerait. Cette demande concernait aussi les habitants.
La chapelle ne sera finalement érigée qu’en 1664 ( Madame Marguerite Guély). Elle n’a pas survécu à la révolution. En ruine, la chapelle fournit de la pierre aux constructions environnantes (conformément à la loi de 1791).
Linteau avec des poissons, près de la maison voisine à La Pacherie
(provenant vraisemblablement de la Chapelle Sainte Croix)
L’Abbé Jean- Baptiste Poulbrière (1842- 1917) dit : « j’ai vu dans mon adolescence les ruines de la chapelle : la fenêtre tréflée de cette petite église souriait encore, sous son manteau de lierre, au voyageur qui passait sur la route. On l’a démolie depuis pour agrandir le champ jeté dans les anciens jardins ».
Aujourd’hui, elle a complètement disparu.
La cloche d’argent de Chabrignac, qui porte la date 1652, se trouve aujourd’hui dans le clocher de l’église de Noailhac. Son histoire est aussi racontée par Mme Riconie (Un si joli petit village).
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